La méthode verbo-tonale

Aux premiers abords, cette méthode de correction phonétique si ludique peut même parfois sembler magique à l’observateur profane.
Pourtant, c’est bien la connaissance approfondie des caractéristiques acoustiques de la langue française qui donne les moyens au praticien de faire percevoir les nuances sonores indispensables à une amélioration de la prononciation chez ses apprenants!

Pourquoi la prononciation est si importante?

Tout armé de patience que l’on puisse être, nous possédons tous un seuil de tolérance à l’accent étranger. Si les sons nous parvenant de notre interlocuteur ne respectent pas le rythme, accentuations, intonations et sonorités de notre langue maternelle, le travail de compensation qui s’opère pour traiter le message déclenchera une perte automatique d’attention et d’intérêt pour la conversation.

Une bonne prononciation est donc capitale, car elle permet une communication plus fluide, efficace et agréable. C’est un objectif tout à fait atteignable si l’on considère que, contrairement au lexique dont l’apprentissage n’a pas de limite (on peut toujours apprendre de nouveaux mots), la langue française comporte une trentaine de sons et quelques intonations fondamentales.

La nécessité d’une bonne prononciation pour l’intégration professionnelle

Un objectif atteignable?

L’apprentissage du langage rend tout locuteur sans pathologie expert dans sa langue maternelle. Mais au-delà d’un certain âge, l’exposition au système linguistique d’une langue étrangère va faire émerger des difficultés typiques liées à cette “ultra” spécialisation originelle, qui va alors agir comme un filtre déformant la perception de ces nouvelles sonorités et par voie de conséquence, leur production.
Un locuteur français aura typiquement tendance à prononcer “zi end” au lieu de “the end”, un autre de langue anglaise éprouvera des difficultés à articuler correctement le r de “un rendez-vous” et le japonais quant à lui, aura grand mal à faire la différence entre “il lit” et “il rit“…

Grâce à une intense exposition et par l’intégration de formes justes grâce aux nombreuses corrections, l’objectif avoué est d’accompagner l’apprenant vers une compétence de prononciation qui soit au minimum “agréable”, au mieux “parfaite” à l’oreille du locuteur expert en langue française.

Comment se passe la correction?

L’enseignant va d’abord prononcer clairement une phrase sélectionnée à l’avance ou en choisir une lors du cours. Il va ensuite la faire répéter afin de diagnostiquer un (des) type(s) d’erreur(s).
Selon le diagnostic, il va alors reproduire cette même phrase d’une certaine façon, en jouant sciemment avec sa matière sonore, accentuant des contrastes, mettant en évidence une intonation ou les fréquences d’un son, tapant une mesure rythmique, stimulant ce faisant la perception acoustique défaillante des apprenants afin qu’ils puissent entendre les nuances qui leur manquent.
À leur tour ils vont reprendre le même énoncé, et va s’entamer alors un va-et-vient entre les tentatives des apprenants et les remodélisations proposées par l’enseignant, jusqu’à ce que ce dernier juge la prononciation de la phrase acceptable… ou non, car tout ne s’obtient pas toujours du premier coup.

Un exemple de correction phonétique avec la méthode verbo-tonale
Clément Gabriel
Clément Gabriel

Professeur de français au Quartier francophone, chercheur indépendant dans le domaine de l'apprentissage/enseignement des langues étrangères

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