Le but le plus fréquent dans l’apprentissage d’une langue étrangère est de pouvoir communiquer avec le plus d’aisance et de spontanéité possible. L’approche neuro-linguistique (ANL), en pleine expansion depuis déjà une vingtaine d’années, propose un paradigme résolument nouveau de l’enseignement/apprentissage d’une langue étrangère. Elle apparaît comme une solution à la fois fiable et agréable, pouvant aider le plus grand nombre à communiquer efficacement en langue étrangère.Un petit tour d’horizon sur l’origine et les particularités de cette méthode s’impose…
“Le français intensif” remplace les méthodes d’enseignement du français au Canada
Les concepteurs de l’ANL sont deux universitaires canadiens :
Claude Germain, Université du Québec à Montréal UQAM) et une collègue anglophone, Joan Netten, Membres de l’ordre du Canada, Professeur, Memorial University of Newfoundland (MUN).
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Joan Netten -
Claude Germain
Tout commence dans la fin des années 90 au Canada.
Une minorité d’environ 15 % sont inscrits dans un programme d’immersion qui donne de bons résultats, et environ 85 % des élèves canadiens sont inscrits en “français de base (Core French)”, dont les résultats sont catastrophiques, en tout cas selon l’OPI (Oral Proficiency Test), le test d’évaluation officiel dans la province du Nouveau-Brunswick.
En effet, sur cette échelle qui va du niveau 11 à 20, c’est le niveau 14 qui est considéré comme l’atteinte d’un début de communication spontanée.
Avec la méthode traditionnelle du “Français de base”, hormis quelques exceptions individuelles, on constate aucune amélioration entre les résultats à l’issue de la 1ère et ceux à l’issue de la 8ème année d’étude.
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Résultats

Si bien qu’en 2008, lors d’un colloque organisé par l’université d’Ottawa, une participante universitaire fait une communication au titre significatif: “Eliminate Early Core French”.
Ce sera le point de départ d’un nouveau régime pédagogique pour l’enseignement du français pour rehausser ces résultats désespérants: “Le Français Intensif”.
Le premier changement consiste en une augmentation du nombre d’heures, passant de 90 heures pour le français de base, à 345 heures pour le français intensif, dont 300 réparties dans les 5 premiers mois d’apprentissage.
Mais logiquement, consacrer plus d’heures à l’apprentissage du français, signifie moins de temps consacré à l’apprentissage des autres matières, comme les mathématiques, les sciences…
Il est facile d’imaginer que justifier cette compression d’heures des autres matières auprès des responsables des programmes des matières concernées, des autorités éducatives et des parents n’a pas dû être simple.
Cette justification a pu se faire grâce à 2 sources théoriques décrites: la théorie de l’iceberg de Cummins et la conception unitaire du développement cognitif selon Vygotsky.
Devant l’absence de baisse de résultats dans les autres matières dans la province de Terre-Neuve et Labrador, le ministère de l’éducation de la province bilingue du Nouveau-Brunswick décide de faire à son tour l’expérimentation du FI (Français intensif).
Les résultats des évaluations plus que probants, les élèves des classes de FI obtenant également de meilleurs résultats dans toutes les autres matières, permettent d’une part de prouver les théories avancés par les concepteurs sur le développement cognitif des élèves, mais aussi marque l’adoption progressive du FI dans tout le Canada, le nombre d’élèves inscrits en 2014-2015 atteignant le chiffre de 22 200.
À noter que cette méthode va être appliquée pour la conservation des langues autochtones, comme le Han, le Yukon, le Dene, l’Inuktikut, le Cri, car elle respecte les caractéristiques de l’enseignement traditionnel autochtone (primauté accordée à la langue orale, travail coopératif…).
Le développement dans le monde entier
L’appellation “Français Intensif” destinée aux écoliers devient alors ANL (approche neuro-linguistique), et cette fois cible les adultes.
Une douzaine d’années après ses débuts au Canada, a lieu une première tentative d’adaptation de l’ANL auprès de jeunes adultes universitaires de l’Université Normale de Chine du Sud de Canton, l’UNCS.

En 2014 c’est au tour d’un lycée voisin d’adopter la méthode, et en 2016 l’université Dayeh de Taïwan.
La méthode doit alors s’adapter à la culture d’apprentissage (et d’enseignement pour la formation des professeurs) chinoise, bien différente de celle du Canada, mais toujours est-il qu’elle confère un meilleur taux de réussite aux examens (le TSF4 pour les étudiants chinois, et le SFLPT-Basic pour les étudiants taïwanais).
Après Taïwan, c’est au tour de Hong-Kong, du Japon puis de l’Iran, parfois dans des milieux universitaires, parfois dans des instituts ou organismes privés, puis la méthode essaime dans le monde entier.
En février 2020, elle atteint la Russie et l’université d’état MSLU fait appel au CIFRAN, organisme de formation dans lequel figurent les concepteurs de la méthode ainsi que des grands experts internationaux dans le champs des sciences humaines et expérimentales.
En collaboration avec le centre de langue privé “Le Quartier français”, une session de formation de professeurs est organisée afin de tester l’efficacité de la méthode pour accélérer le processus de formation des futurs professeurs de français de MSLU.
La méthode est également adaptée à l’enseignement d’autres langues que le français, comme l’anglais ou l’espagnol.

Pourquoi neurolinguistique?
Les concepteurs, enseignants de langue française, ont cherché à adapter leur pratiques de classe au plus près des découvertes dans le domaine des sciences cognitives telles que la psychologie cognitive (avec les travaux sur la mémoire de travail –Baddeley-, et sur le Transfer appropriate process –Segalowitz– ), la psycholinguistique, la psychologie sociale, et la neuropsychologie avec les travaux de Michel Paradis.
C’est entre autre à partir des travaux de Paradis sur les patients touchés par Alzheimer et par certaines aphasies que va naître un aspect très propre et particulier à l’ANL, la distinction entre 2 grammaires:
– la grammaire interne (la compétence à utiliser la langue de manière automatique) – – la grammaire externe (toutes les connaissances explicites sur les règles de fonctionnement de la langue), distinction qui constitue un des grands piliers de cette méthode.
Les grands principes
Parmi ces grands principes qui se retrouvent dans la classe, on peut également citer:
- la communication authentique , qui postule que parler de soi et des choses qui nous sont proches augmente le désir de communiquer et permet de stimuler la motivation des étudiants, comme des professeurs.
- La pédagogie de projets, qui s’adapte ici parfaitement aux recommandations du CECRL.
- les interactions sociales, avec les théories de Vygotski qui stipulent que le développement cognitif (de l’enfant) s’acquiert par des interactions avec les autres
- la littératie, qui correspond au développement de la “capacité d’utiliser le langage et les images, de forme riches et variées pour lire, écouter, parler, voir, représenter et penser de façon critique. Elle permet d’échanger des renseignements, d’interagir avec les autres et de produire du sens.”
Gouvernement de l’Ontario,“La littératie au service de l’apprentissage” 2004.
On peut facilement faire le parallèle de ces compétences avec la taxonomie de Bloom.
Conclusion
Il est de nos jours plutôt rare que de nouvelles approches et nouveaux courants didactiques soient diffusés par d’autres milieux que celui de l’ELT (English language teaching).
La communauté francophone peut donc se réjouir, car ces nouvelles propositions pédagogiques sont nées et se sont développées à travers l’enseignement du français langue seconde (FLS) et langue étrangère (FLE).
S’il est concevable que ce petit tour d’horizon de l’ANL permet de se représenter sa singularité, il est utile de savoir, pour ceux que l’apprentissage de la langue française intéresse, que le centre de langue “Le Quartier français” basé à Moscou dispense des cours basés sur l’ANL, avec des professeurs formés et expérimentés dans cette approche, ainsi que dans les autres méthodes traditionnelles.
Quant aux professeurs qui souhaiteraient disposer d’un nouvel outil d’enseignement, des sessions de formation sont organisées en collaboration avec des universités moscovites.
Pour toute information complémentaire, il est possible de s’adresser au Quartier français aux coordonnées suivantes:
contact@lequartierfrancais.ru
+79854798044